Les facettes de la Turbine sont des modalités de fonctionnement et des caractéristiques attendues pour l'ingénierie territoriale. Elles incarnent les enjeux institutionnels et de gouvernance attendus par les contributeurs au cycle de travail pour massifier la transition sur le territoire.
Chacune des facettes présentées ci-dessous est un récit d'une Turbine spécifique possible. Ces récits peuvent se combiner, se croiser pour former plusieurs visions de la Turbine. Tout au long du cycle de travail, elles ont permis d'incarner les discussions dans des objets concrets mis en commun.
La synthèse des attentes a permis de formuler deux types d’interventions attendues de la Turbine (détaillés sur cette page) :
Accompagner les projets de transition du territoire
Incarner un espace de coopération pour les acteurs de la transition sur le territoire
Une Turbine qui tisse les liens entre les habitants artisans de la transition socio-écologique, et fait vivre le processus coopératif sur l’ensemble du territoire. Elle construit une connaissance précise et profonde aussi bien des acteurs que des initiatives sur l’ensemble du territoire - et à ses marges -, et met en réseau les acteurs de la transition. Elle développe pour ce faire une double capacité, systémique et appréciative. Elle veille ainsi à la transversalité des actions menées, à décloisonner sans relâche, à apprécier et mettre en valeur les multiples ressources et savoir-faire locaux, à organiser les maillages improbables sur le territoire, et à faire circuler les expériences et les connaissances en matière de transition socio-écologique.
Vers une culture territoriale de la coopération : La coopération sur le territoire est une valeur forte qu’il faut porter et faire vivre. Cette dernière n’est possible sans une attention particulière à la justice sociale et à l’équité des transitions qui sont en cours. Cette facette insiste sur le fait de donner la parole à ceux qui font et créent les espaces d’échanges avec les sachants mais sans jamais donner de préférences aux différentes formes d’expertise.
Vers des conventions citoyennes : La coopération territoriale doit être alimentée d’une grande pluralité pour être effective. Jeunes, vieux, professionnels et novices, il est important de créer des espaces d’expression qui donnent la parole au plus grand nombre. Il faut également varier les temps et les modalités de rencontre pour éviter l’épuisement et permettre à chacun de trouver des temps qui lui correspondent.
Pour une réparation des relations sur le territoire : Les ressources sont nombreuses sur le territoire. Mais la culture et l’habitude de coopération n’est pas toujours active. La Turbine est l’occasion d’élargir les réseaux qui participent, de donner la parole au plus grand nombre et de casser un mode de fonctionnement parfois trop hiérarchique du pouvoir ou des sachants pour assurer un territoire où tous peuvent librement contribuer.
Pragmatique, la Turbine priorise les chantiers à mener sur le territoire et anticipe leurs impacts positifs. Elle pilote à la performance et assure l’interrelation de tous les projets pour optimiser les transformations décidées collectivement. Dans cette perspective, elle accompagne les porteurs de projets, les collectivités territoriales et les entreprises au renoncement ou au démantèlement de projets qui sont destructeurs pour les milieux naturels et l’environnement humain. Enfin, elle renforce les projets locaux à forte valeur transformative en apportant financements, expertise et visibilité à différentes échelles.
Un guichet unique : La question de soutien des porteurs de projet s’est fortement axée sur l’accompagnement des demandes administratives. La Turbine doit permettre de clarifier les demandes faites en matière d’aide et d’autorisation pour lancer des projets de transition. Un guichet unique devrait accompagner à identifier les bonnes aides, les bons interlocuteurs dans le réseau de porteurs de projets pour aider ceux qui tapent à la porte.
Un réseau de porteurs de projets : La Turbine est un espace d’échanges entre des porteurs de projets à différents niveaux d’avancement. Les plus avancés diffusent et aident les nouveaux venus dans leur premier pas. Cet espace de co-développement permet de créer une meilleure cohérence dans les projets sur le territoire.
Un budget participatif : Certains projets ont besoin d’être connus et d’être portés, un budget participatif à l’échelle du PMA permettrait de remplir ces deux objectifs. En jouant sur des projets de toutes tailles (petits projets simples à des innovations majeures), le fait de pouvoir annuellement voir l’étendue des propositions sur le territoire porterait plus fortement les projets en cours.
Une grille de lecture des échelles des projets : On n'accompagne pas de la même façon de petits projets et des chantiers de transformation fort d’un territoire. Le groupe de l’atelier a échangé sur le fait d’avoir des traitements des projets en fonction de leurs échelles.
Maquette réalisée lors du cycle de travail de la Turbine
Organe d’interface qui accompagne le déploiement des projets par la facilitation administrative, la construction de collectifs d’acteurs autour de projets structurants pour le territoire ou d’expérimentations locales, le conseil pour assurer la cohérence des initiatives et la recherche de financements. Elle est disponible et à l’écoute des problématiques de chaque partie prenante du territoire. Enfin, elle fait aussi le lien avec les machines administratives régionales, nationales et européennes.
Appels à projets et appels à manifestations d’intérêts : La Turbine lance ou aiguille sur les appels à projets et appels à manifestations d’intérêts régionaux, départementaux, nationaux et européens. La Turbine aide à mieux les comprendre, à monter les dossiers sur les parties territoriales et aiguille vers des groupements pour favoriser la coopération.
Identifier et gérer les financements : La Turbine doit offrir un savoir faire de traduction des modes de financements pour les différents projets menés sur le territoire. Elle a un travail de veille, de partage et d’accompagnement pour aider les porteurs de projets.
Vitrine de celles et ceux qui font : La Turbine constitue une vitrine des gens qui font les projets plus que des projets eux-mêmes. C’est le savoir-faire, les idées et les astuces mises en place qui doivent être valorisées.
Échelle d’urgence d’action : La Turbine doit se doter d’une grille pour rendre compte de l’urgence des questions qu’elle entend traiter. Quels sont les sujets prioritaires? À quelles urgences climatiques ou sociales faut-il faire attention pour la Turbine ?
Maquette réalisée lors du cycle de travail de la Turbine
Proactive et force de propositions, la Turbine soutient ceux et celles qui osent changer les choses sur le territoire. Elle apporte cette sécurité en favorisant les initiatives, les prises de risques et en bousculant les paradigmes installés de longue date. Elle insuffle cette énergie et cette confiance nécessaires à la transformation en profondeur des réalités et de leurs multiples représentations. Elle est avant-gardiste dans les projets qu’elle soutient, proactive quand il s’agit de soutenir et valoriser des projets audacieux, et intransigeante sur les ambitions de transition. Elle développe une compétence de prospective et se retrouve à l’initiative d’expérimentations sur l’ensemble du territoire au regard des enjeux qu’elle aura identifiés.
Le contrat moral de la Turbine de l’éco-transition : La Turbine a vocation à aller plus haut et plus loin dans la transition écologique. L’audace est une facette importante du territoire. Tout acteur qui rentre dans la Turbine adhère à une charte de partage, de rappels des ambitions et d’adhésion au principe de l’éco-transition.
La charte d’ambition : Au niveau territorial la Turbine est un outil qui doit rappeler aux collectivités les ambitions qui sont nécessaires pour réaliser la transition. La Turbine propose ainsi une charte d’ambition pour assurer le bon niveau d’exigence dans les réalisations territoriales.
Le label de la Turbine : La Turbine labellise les projets de son territoire et les rend visibles. Lorsque l’on rencontre une action en accord avec l’audace de la Turbine on doit le voir et le savoir.
Le pôle d’entraide de l’ambition : Les projets sont des espaces où la réalité rattrape en permanence le quotidien des acteurs et peut altérer ou menacer leurs ambitions premières par pragmatisme, facilité, habitude, etc.. La Turbine est un espace d’échange et de débat pour remettre en cause les attentes et les ambitions de chacun, et soutenir les niveaux d’exigence fixés collectivement.
Maquette réalisée lors du cycle de travail de la Turbine
Cette Turbine est à l’initiative et à la manœuvre de grands projets de territoire. Elle répare les milieux naturels (plantation de forêts urbaines, restauration des cours d’eau), initie de conséquents projets d’énergie renouvelable, réoriente les réseaux de mobilité pour favoriser les pratiques douces, réoriente les politiques industrielles vers leur reconversion écologique etc. Aussi, elle ménage les milieux et les humains par des chantiers d’aménagements ambitieux.
Une priorisation de Grands projets entre les agglomérations : l’échelle du PMA est un espace de projet à saisir. C’est l’occasion de lancer des grands projets et de les rendre visibles collectivement. La mobilité décarbonée, la renaturation du territoire et la transition alimentaire sont trois propositions des participants comme projets à lancer demain. Tous conviennent qu’à cette échelle, il s’agit de ne pas se disperser et de choisir par mandature trois chantiers à mener à terme.
Portage politique commun entre les agglomérations : l'échelle de projet donne un rôle fort aux agglomérations qui sont les acteurs des grands projets. La Turbine assure la cohérence et la motivation de tous.
Rendre compte des effets de la transition : la Turbine va devoir faire la démonstration des effets bénéfiques de la transition sur le territoire. Évaluation et communication des résultats seront au cœur du travail de la Turbine.
Appels à projets transversaux : la possibilité de répondre à des appels à projets entre les trois agglomérations est un bon levier pour créer une bonne dynamique de coopération du territoire.
Maquette réalisée lors du cycle de travail de la Turbine
Cette facette agit en véritable synapse territoriale de la transition. Elle active et amplifie les connaissances et les expertises existantes en facilitant leur circulation sur le territoire. Elle s’appuie sur les sciences humaines et les neurosciences pour orchestrer la montée en compétences des acteurs et organisations sur des sujets de transition encore trop immatures. Elle agit aussi bien au niveau des habitants, des élus, des agents des collectivités territoriales que des acteurs économiques et associatifs. Enfin, elle imagine et conçoit des espaces et des temps inclusifs de réflexivité et d’idéation pour apprendre les uns des autres et renforcer ainsi une vision commune de la transition socio-écologique.
Croiser les réseaux et sortir du confort : La Turbine doit pousser les réseaux à se rencontrer et sortir de leurs zones de confort. C’est en partageant entre réseaux les idées, les réalisations et les difficultés qu’il sera possible de faire Turbine. La Turbine doit aider ces échanges en proposant des thématiques de travail.
Expertise citoyenne de la coopération : Les citoyens sont en attente d’engagements et d’ambitions de la part acteurs du territoires en matière de transition. Il est proposé de composer un groupe de citoyens en charge de challenger, discuter et débattre des projets de la Turbine pour en assurer la juste ambition et la bonne traduction dans les quotidiens.
Défis communs des transitions : La Turbine donne la parole aux acteurs et citoyens pour formuler les défis communs de transitions qu’ils souhaitent réaliser (rendre cyclable le territoire, alimentation collective locale et de qualité…). La Turbine doit permettre de régulièrement s’entendre sur ce qu’on vise pour y concourir collectivement.
Pédagogie inter-réseaux : Chaque acteur a mené des actions qui ont des effets positifs. En participant à la Turbine, ils s’engagent à faire preuve de pédagogie, à partager les savoir-faire et à aider les autres à agir pour répliquer les propositions.
Maquette réalisée lors du cycle de travail de la Turbine
Une Turbine qui donne à voir ce qui se fait sur le territoire en lien avec l’éco-transition. Elle valorise les initiatives et leur donne la légitimité nécessaire à leur rayonnement. Elle soutient par ailleurs leur déploiement et leur progression au regard des objectifs de transition négociés avec les parties prenantes. Elle accueille des visiteurs de tout pays désireux de s’en inspirer et apprend à transmettre ses savoir-faire et ses savoir-être liés au changement de paradigme et à la massification.
Des vitrines vivantes du territoire : La vitrine du territoire, c’est une fenêtre sur les groupes qui agissent et qui font. La Turbine doit mettre en avant les différents acteurs qui concourent à la réussite des projets: ceux qui font (les agents et les porteurs de projets), ceux qui aident (les élus, les finances, les agents…), et ceux qui diffusent (CERDD, CD2E…). C’est en gardant en tête de bien écouter, aider et suivre ces 3 familles d’acteurs que la Turbine restera vivante dans sa valorisation du territoire.
Mise en récits locaux et globaux : La Turbine doit aider à mettre en récit et en cohérence les actions du territoire et permettre de comprendre en quoi la myriade d’initiatives s’inscrit dans une politique plus globale qui progresse et produit des effets systémiques.
Une pédagogie politique : La Turbine doit être pédagogue auprès des élus pour en faire les ambassadeurs de la démarche à l’intérieur du territoire et hors de ses murs. La Turbine toute entière est une dynamique locale circulaire, mais si elle veut rester vertueuse, elle doit se confronter au regard d’acteurs nouveaux et extérieurs au territoire.
Maquette réalisée lors du cycle de travail de la Turbine
Diplomate, la Turbine agit aussi bien au sein du territoire métropolitain qu’à l’extérieur. À l’échelle locale, elle assure l’inclusion de toutes les parties prenantes, explore et tire profit des désaccords et apporte un soutien politique aux différents acteurs porteurs de projets transformateurs. Elle instruit les incohérences du système pour fixer des caps communs et cohérents pour l’éco-transition du territoire. Elle redonne son importance au long terme dans les choix politiques, elle ose les questions éthiques et philosophiques. À l’extérieur, elle négocie avec les acteurs nationaux et internationaux pour faire évoluer les réglementations, les politiques publiques en faveur des transformations écologiques.
Développer des stratégies par acteurs et par réseaux : La Turbine est l’espace qui permet à différents acteurs de se rencontrer pour s’entendre collectivement sur les ambitions de transition qu’il conviendrait de viser. Dans l’animation collective, les élus, les industriels ou les réseaux doivent avoir le confort de définir ensemble leurs priorités.
Remettre les acteurs industriels dans la Turbine : Les acteurs forts du territoires (gros industriels, élus de grandes collectivités…) ont un devoir d’exemplarité pour lancer la transition. Il faut faire un travail resserré avec eux : s’ils montrent leur engagement envers la transition, plus d’acteurs suivront et feront eux-même Turbine.
Rôle clé des acteurs pédagogiques du territoire : Les acteurs qui diffusent (CERDD, CD2E…) travaillent déjà avec les acteurs politiques. La Turbine doit être un porte-voix qui leur permet de donner des messages clairs pour l’ensemble des décideurs du territoire.
Maquette réalisée lors du cycle de travail de la Turbine